Mobilisée pour soutenir les Français en difficulté, la Société de Bienfaisance de Milan et de Lombardie a doublé ses efforts depuis le début de la crise sanitaire. La nouveauté : la création d’une action spéciale, un réseau basé sur l’entraide entre Français.

Lepetitjournal/Milan : Votre équipe de bénévoles soutient plusieurs Français en difficulté depuis plusieurs années. Comment la crise sanitaire a-t-elle fait évoluer votre mobilisation ?

Véronique Di Mercurio (présidente SFBML) : Depuis le début des mesures d’urgence sanitaire du 21 février décrétées par le ministère italien de la Santé, l’équipe entière de bénévoles (16 bénévoles actifs) s’est mobilisée, consciente de la crise sociale et humanitaire collatérale à la lutte contre la pandémie. Les personnes que nous suivions déjà, sont en effet davantage fragilisées. La plupart est en effet à risque du fait de leur âge ou de leur état de santé fragile. Certains vivent seuls, sont isolés. D’autres subissent une baisse ou disparition de revenus qui rendent leur situation encore plus précaire. Il faut les informer, les aider à affronter la fermeture de tous les lieux d’aide alimentaire pour raisons sanitaires, les aider à se faire livrer courses et médicaments. Certains enfants que nous soutenons ont des difficultés d’apprentissage, ils ressentent du stress de performance et de confinement,
Depuis 3 ans, les accompagnements réguliers que nous faisons, nous ont permis d’instaurer dans le temps des rapports de confiance qui nous rendent plus à même aujourd’hui de maintenir un contact et un soutien précieux au travers d’appels réguliers, voire de visites et services multiples, rendus en plus de soutiens financiers ponctuels indispensables.
Nous avons aussi nous-mêmes, en tant qu’équipe, développé des compétences qui nous permettront de prendre en charge des nouveaux cas et de former de nouveaux bénévoles.

Concrètement, quelles actions sociales avez-vous développé pendant la crise Covid-19 ?

Nous avons immédiatement informé nos bénéficiaires (24 familles, 39 personnes), commandé et envoyé des masques de protection, en papier dans un premier temps, puis des masques de protection supérieure FFP2 et FFP3 pour les personnes plus à risque. Nous les avons informés sur les services locaux de l’aide alimentaire mis en place, commandé des courses en urgence, tant que cela a été possible. Nous suivons les cas les plus urgents sur le plan de conseils sanitaires, administratifs et juridiques afin d’aider à résoudre les problèmes les plus importants. Les enfants suivis pour le soutien en langue et culture française continuent quant à eux leurs cours à distance et c’est un soutien moral important pour eux. Les personnes isolées restent soutenues moralement grâce à des appels réguliers.

Et vous avez également développé une action spéciale, un réseau d’entraide entre Français en Italie. Comment fonctionne-t-il ? Quels sont les besoins les plus fréquents ?

Nous nous sommes inspirés d’une initiative lancée au Royaume-Uni par Patricia Connell, conseiller consulaire. Début avril, nous avons lancé un réseau ENTRAIDEpour les Françaises et Français en Italie à travers l’envoi par courrier électronique de questionnaires aux compatriotes inscrits sur la liste consulaire de la 2ème circonscription dans le but de mettre en contact, y compris par téléphone, des personnes et des familles qui se trouvent aujourd’hui en difficultés avec des personnes susceptibles de les aider. Nous avons reçu plus d’une centaine de réponses, qui se sont avérées très utiles à la fois pour identifier les besoins de nos compatriotes et ceux, nombreux, qui proposaient d’aider à y faire face. Parmi les besoins récurrents, outre les demandes d’aide pour aller chercher des médicaments ou faire d’autres petites commissions, il y a eu notamment des demandes de soutien scolaire en ligne, et le souhait de rompre la solitude par des conversations téléphoniques. Nous avons également transmis les dossiers concernant des personnes résidant dans le Piémont à la SFB Piémont-Val d’Aoste. Certaines réponses nous ont également permis d’être mis au courant de cas qui n’étaient pas encore à notre connaissance et pour lesquels la SFB Milan-Lombardie pourra peut-être mettre en place de nouveaux accompagnements.
Cette initiative a ainsi permis d’améliorer notre visibilité, d’autant qu’encore trop de compatriotes ne connaissent pas l’existence de notre association, autant ceux qui pourraient avoir besoin de notre soutien, que ceux qui pourraient nous soutenir.

Votre principal donateur, Milan Accueil, a été contraint d’annuler sa soirée de Bienfaisance le 4 avril dernier. Cette situation met-elle en difficulté la pérennité de vos actions ?

Milan Accueil a tout fait pour maintenir les donations qui avaient été faites pour la soirée de bienfaisance. Nous l’en remercions de tout cœur, en particulier sa présidente, Elisabeth da Costa et toute son équipe de recherches de sponsors et de donateurs. Cet effort nous permettra de faire face aux demandes qui s’annoncent en augmentation. Toutefois, les dons s’annoncent moindre que ceux de l’année dernière. Vue les circonstances, nous auront donc besoin de davantage d’aides financières par la suite, d’autant que nous sommes dans l’inconnu face à la durée et aux conséquences de cette crise sanitaire et sociale exceptionnelle.

Pour rejoindre le réseau, pour aider ou être aidés, écrire à l’adresse dédiée ENTRAIDESFBML@gmail.com
Pour plus d’informations : www.sfb-milan-lombardie.org, SFBMilanLombardie@gmail.com, +39 392 3839 545.

Source : https://lepetitjournal.com/milan/communaute/la-sfbml-lance-un-reseau-dentraide-pour-les-francais-ditalie-278912

Par Lepetitjournal Milan | Publié le 21/04/2020 à 21:43 | Mis à jour le 22/04/2020 à 14:23
Photo : pixabay @geralt
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